Une voie suisse vers l'espace

Le professeur Thomas Zurbuchen, astrophysicien, a marqué l’histoire de l’exploration spatiale. En tant que directeur scientifique de la NASA de 2016 à 2022 — le plus long mandat jamais exercé — il a supervisé plus de 130 missions, dont le télescope spatial James Webb, les missions martiennes Perseverance et Ingenuity, ainsi que la sonde solaire Parker. Défenseur de l’innovation et de la collaboration internationale, Zurbuchen relie science, technologie et société. Il milite pour une éducation pratique, une recherche éthique et l’intégration de la science dans les politiques publiques. Depuis 2023, il dirige le Space Center de l’ETH Zurich et intervient à l’échelle mondiale comme conférencier et conseiller, inspirant les futures générations de pionniers de l’espace.

Une voie suisse vers l'espace

Le professeur Thomas Zurbuchen, astrophysicien, a marqué l’histoire de l’exploration spatiale. En tant que directeur scientifique de la NASA de 2016 à 2022 — le plus long mandat jamais exercé — il a supervisé plus de 130 missions, dont le télescope spatial James Webb, les missions martiennes Perseverance et Ingenuity, ainsi que la sonde solaire Parker. Défenseur de l’innovation et de la collaboration internationale, Zurbuchen relie science, technologie et société. Il milite pour une éducation pratique, une recherche éthique et l’intégration de la science dans les politiques publiques. Depuis 2023, il dirige le Space Center de l’ETH Zurich et intervient à l’échelle mondiale comme conférencier et conseiller, inspirant les futures générations de pionniers de l’espace.

Prof. Dr. Thomas Zurbuchen Astrophysicist


Q1.

Professeur Zurbuchen, votre parcours a été décrit comme « De la petite ville de Heiligenschwendi à Mars » – un titre qui prête à sourire. Diriez-vous qu’il reflète bien la réalité ?

Absolument. Ce titre vient en fait d’un cinéaste originaire d’un petit village suisse, Bettmeralp. Lorsqu’il a découvert le projet Mars, il a pris conscience de l’ampleur du chemin parcouru : d’un hameau isolé à la direction de missions martiennes à la NASA. Heiligenschwendi, c’est un petit village alpin du canton de Berne, perché au-dessus du lac de Thoune – un endroit paisible, idyllique, presque irréel. Et puis il y a Mars, qui semble hors de portée. Ce contraste illustre parfaitement l’émerveillement que l’on peut ressentir en repensant à son propre parcours.

Les réalisations du Prof. Dr. Zurbuchen incluent le lancement du télescope spatial international James Webb, la supervision de la mission Cassini vers Saturne, la direction de deux atterrissages sur Mars avec le rover Perseverance et l’hélicoptère Ingenuity, ainsi que le développement de la sonde solaire Parker — la première mission à "toucher" le Soleil.

Q2.

Pensez-vous que votre trajectoire aurait été différente si vous aviez grandi ailleurs ?

C’est une grande question. De nombreux aspects de la vie à Heiligenschwendi m’ont certainement été bénéfiques – l’environnement naturel, la communauté, l’éducation. En même temps, je pense qu’une autre version de moi-même, dans un autre lieu ou un autre système, aurait pu suivre un chemin totalement différent, mais tout aussi passionnant. Nos origines nous façonnent, certes, mais elles ne déterminent pas tout..

Q3.

Vous avez vécu et travaillé aux États-Unis pendant de nombreuses années. Y a-t-il eu des moments où vous avez particulièrement ressenti votre identité suisse ?

Oui, à de nombreuses reprises. Au début, j’ai été surpris par certaines similitudes, comme ce profond attachement à la liberté individuelle. Dans les deux pays, l’individu est au centre, et il existe un scepticisme partagé vis-à-vis du pouvoir autoritaire. Ni les rois ni les dirigeants tout-puissants ne correspondent à l’image que les Suisses ou les Américains ont d’eux-mêmes.

Mais il y a aussi des différences très nettes. Je me souviens parfaitement de ma première visite dans un garage aux États-Unis : j’y ai amené ma voiture pour une réparation – le problème n’a pas été réglé. La deuxième fois, même chose. Lors de la troisième visite, j’ai expliqué ce qui, selon moi, était en panne – on m’a écouté poliment, mais sans en tenir compte. Ce n’est qu’à la quatrième tentative que la réparation a été faite. En Suisse, cela aurait été résolu dès la première fois. Là-bas, quand on dit « je peux le faire », cela signifie généralement qu’on maîtrise vraiment le sujet. Cette fiabilité est profondément ancrée dans la culture, et on ne se rend compte à quel point elle nous manque que lorsqu’elle n’est plus acquise. Il en va de même pour la ponctualité : ce que nous considérons comme une norme est perçu de manière beaucoup plus souple aux États-Unis.