Joshua Wöhle

Joshua Wöhle est l'un des cinq fondateurs de SuperAwesome, société londonienne spécialisée dans la création d'outils pour la sécurité des enfants sur Internet, qui touchait plus de 500 millions d'enfants par mois lorsqu'elle a été vendue à Epic Games en 2020. Développeur de formation, diplômé en informatique du King's College de Londres et titulaire d'un MBA de l'Open University, Joshua est né à Amsterdam et a vécu et travaillé aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et maintenant à Londres.

Veuillez noter que les opinions exprimées dans cette interview sont celles de la personne concernée et non celles de Rothschild & Co.

Q1

Bonjour Josh, en tant que co-fondateur (aujourd'hui parti) de la plus grande entreprise mondiale de technologie destinée aux enfants - SuperAwesome - quel besoin avez-vous constaté sur le marché pour votre produit, quelle était la solution et comment a-t-elle été reçue ?

SuperAwesome a été créé il y a 8 ans par quelques personnes dans un petit bureau de Londres. La société a été fondée dans le but de rendre Internet plus sûr pour les enfants. J'ai toujours été passionné par le codage et intéressé par les applications et leur développement. Cependant, avec mon cofondateur, nous avons constaté à quel point leur utilisation pouvait être compliquée. C'est pourquoi nous avons eu l'idée de créer une plateforme destinée à promouvoir la sécurité des enfants en ligne. À l'époque, nous ne nous rendions pas compte de l'ampleur du projet et de l'importance qu'il allait prendre. Étant l'une des premières entreprises à créer une telle plateforme, nous avons rencontré quelques difficultés en cours de route. L'une d'entre elles était de se conformer à la législation américaine sur la protection de la vie privée des enfants sur Internet (COPPA) et aux régimes réglementaires parallèles tels que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) de l'Union Européenne et le RGPD-K, qui est la partie du RGPD régissant la vie privée des enfants (voir encadré). Un autre défi pour nous était que nous étions un peu en avance sur notre temps, nous avions donc des difficultés à nous faire comprendre et à passionner nos interlocuteurs sur le sujet de la sécurité des enfants en ligne. Ils admettaient rapidement que le sujet était important, mais nous n'arrivions pas à les convaincre d'en faire quelque chose. Dans les années 2010, l'ambiance a changé. Tout d'abord, ont eu lieu les fuites d'Edward Snowden et quelques années plus tard, le scandale de Cambridge Analytica a éclaté. Ces événements ont mis en lumière la question de la vie privée en ligne et, par conséquent, notre projet est devenu beaucoup plus facile à appréhender pour les clients et les investisseurs. Avant cela, la vie privée en ligne avait été une problématique secondaire à laquelle peu de personnes s'étaient réellement intéressées. Tout à coup, le sujet s'est retrouvé au centre de l'attention et toute la dynamique a changé. C'était particulièrement vrai pour les entreprises dont les principaux clients étaient des enfants, comme les sociétés de jeux vidéo en ligne, où les demandes concernant la sécurité des enfants en ligne se faisaient de plus en plus insistantes. Le moment était propice - nous avions passé les cinq années précédentes à développer et à plaider en faveur de solutions logicielles pour garantir la sécurité des données des enfants et nous nous sommes retrouvés au bon endroit au bon moment. SuperAwesome a décollé.

La protection des enfants

Le Children's Online Privacy Protecion Act (COPPA) est une loi fédérale américaine sur la protection de la vie privée qui est entrée en vigueur en 2000. Elle a depuis été révisée à plusieurs reprises par la Commission Fédérale du Commerce. Elle vise à protéger les informations personnelles des enfants de moins de 13 ans et exige que les opérateurs de sites web et de services en ligne obtiennent le consentement des parents ou des tuteurs pour la collecte de leurs informations personnelles.

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) de l'Union Européenne est entré en vigueur en 2018. La non-conformité peut entraîner des amendes nettement plus élevées que celles qui ont été émises auparavant, avec une limite supérieure de 20 millions d'euros ou de 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial, le montant le plus élevé étant retenu. En vertu du RGPD, les enfants de moins de 16 ans bénéficient d'une protection spécifique, qui comprend l'adoption de mesures visant à vérifier l'âge de l'enfant et à gérer son consentement.

Le GDPR-K exige que les applications ou les sites destinés aux enfants de moins de 16 ans (ou plus jeunes selon le pays de l'UE) obtiennent un consentement parental vérifiable avant de collecter toute information personnelle concernant l'enfant.